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La sangsue médicinale

  • Publié : 12 février 2015

La sangsue médicinale : une espèce emblématique de nos marais disparait sous nos yeux sans que nous nous interrogions.

Mort annoncée d’une espèce animale dans nos Savoie

Présente dans l’étang de Beaumont (commune de Bloye) , utilisée et prescrite par nos médecins généralistes jusqu’au milieu des années 50, nos pharmacies en détenaient des spécimens pour en assurer les prescriptions.
A mon grand étonnement, et selon mes connaissances actuelles, aucune organisation de défense de l’environnement ou de la biodiversité n’a pris en considération ce problème et surtout aucun projet de sauvegarde, loi, décret ou autres, n’est à l’ordre du jour.

  • Disparition programmée pour quand ?
  • Quelle protection a été prise ?
  • Pourquoi cette espèce n’est elle pas protégée ?
  • Quelles pertes pour nos connaissances médicales et -* environnementales ?
  • Quels lieux protéger ?
  • Qui s’interroge ?
  • Qui agit ?

Nous dénombrons plus de 650 espèces de sangsue. Une seule m’a amené à me révolter et à faire croisade pour sa survie et ce, essentiellement dû à ses propriétés physiques : c’est l’hirudo medicinalis dite SANGSUE MEDICINALE
Très difficile actuellement de faire l’estimation de son effectif.
Je parcours depuis plusieurs dizaines d’années les marais de Savoie et Haute Savoie et je ne l’ai pas rencontrée très souvent.
Pourquoi cette espèce Hirudo Medicinalis disparait-elle ?
Pourtant, très abondante au XIX° siècle cette espèce est rapportée maintenant comme très rare pas seulement dans nos Savoie, mais également en France, Belgique, Grande-Bretagne – voire considérée avec un gros risque d’extinction.
En cause : la disparition et la destruction de son habitat (eau douce peu calcaire : mare, étang) et prélèvement intensif au cours des derniers siècles ainsi qu’un manque d’approvisionnement en nourriture.

Pourquoi aucune protection n’a été prise jusqu’à maintenant ?

Comme beaucoup d’espèces dont aucun recensement n’a été effectué, nous, l’homme, continuons à détruire sciemment ou inconsciemment les espèces de notre biodiversité sans que nous nous posions plus de questions sur nos agissements.
Oui pas sur la liste rouge des espèces menacées ou même une quelconque préconisation pour protéger et conserver cette espèce dans son milieu naturel.
Pour qu’une espèce soit inscrite sur cette liste rouge ou autre il lui faut au préalable avoir fait l’objet d’étude ou qu’une estimation de sa population en soit faite. Dans notre cas : pas de « chiffres » pas de protection !
Cette sangsue médicinale (hirudo medicinalis) à ne pas confondre avec celle élevée actuellement en France (hirudo verbana) va disparaitre de sa belle mort, provoquée il faut le dire par l’homme ! Elle a pourtant une espérance de vie pouvant atteindre les 30 ou 40 ans.

Allons-nous, laisser disparaitre cette espèce sans nous en préoccuper ?

Alors que tous ses bienfaits pour la médecine ne sont pas encore tous déterminés, nous n’avons étudié que 5% pour de son potentiel de pharmacopée.
Des hôpitaux utilisent actuellement des sangsues pour leurs patients et ce pour différents traitements.

Quelques éléments déjà reconnus chez la sangsue

  • Substance anticoagulante : Hirudine (fort pouvoir anticoagulant, saigne ¾ heure après morsure), Héparine (autre anticoagulant). Anticoagulant découvert en 1884. Contre les caillots au cours de phlébites
  • Antiseptique
  • Antibiotique
  • Anti-inflammatoire
  • Analgésique
  • Anesthésie locale pour éviter que sa proie la sente

Voici quelques éléments qui devraient nous faire avancer vers la sagesse et nous faire nous préoccuper dès maintenant de la préservation de ce capital scientifique et biologique.

Il nous faut agir immédiatement pour :

Qu’un recensement en soit fait à l’échelle de notre région
Qu’une protection d’urgence dite de précaution, soit mise en place le plus rapidement possible pour éviter que cette espèce ne disparaisse à jamais de notre patrimoine.

Bernard Baranger, naturaliste

Photos B.Baranger